La Maison Blanche rejette les accusations de non-respect d’une ordonnance judiciaire sur les expulsions vers le Salvador

La Maison Blanche a nié avoir défié un ordre de justice en procédant à l’expulsion de plusieurs centaines de personnes vers le Salvador, malgré une décision de suspension prise par un juge fédéral.

Expulsions controversées et recours à une loi ancienne

Le week-end dernier, 238 membres présumés de gangs vénézuéliens ainsi que 23 individus supposément affiliés au gang MS-13 ont été transférés depuis les États-Unis vers une méga-prison salvadorienne. Ce renvoi a été effectué en s’appuyant sur une loi datant de la Seconde Guerre mondiale, rarement appliquée jusqu’à présent.

Donald Trump a justifié cette décision en accusant le gang vénézuélien Tren de Aragua (TdA) de « perpétrer, tenter et menacer une invasion ou une incursion prédatrice contre le territoire des États-Unis ». Pour ce faire, il a invoqué l’Alien Enemies Act, une loi de 1798 permettant d’expulser des étrangers en période de guerre ou d’invasion.

Un haut responsable de l’administration a révélé à CBS News que cette loi avait été utilisée pour justifier l’expulsion de 137 des 261 personnes concernées. Les motifs de déportation des autres individus demeurent flous, et les autorités américaines comme salvadoriennes n’ont fourni ni identité ni preuve de l’implication criminelle des détenus.

Une décision contestée par la justice

Samedi soir, le juge fédéral James Boasberg a ordonné une suspension des expulsions pour une durée de 14 jours, le temps d’examiner les arguments juridiques. Toutefois, lorsque les avocats lui ont signalé que les avions avaient déjà décollé, il aurait tenté de faire revenir les vols en émettant une directive verbale, bien que celle-ci ne figure pas dans sa décision écrite.

Face à ces accusations, la Maison Blanche a assuré ne pas avoir violé l’ordre judiciaire. « L’administration n’a pas refusé de se conformer à une décision de justice », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la présidence, ajoutant que l’ordonnance du juge était « illégale » et avait été prononcée après le départ des expulsés. Le ministère de la Justice a également affirmé que les avions avaient déjà quitté le sol américain avant la décision judiciaire et a fait appel de cette dernière.

Réactions internationales et inquiétudes des défenseurs des droits humains

Le président salvadorien Nayib Bukele a confirmé l’arrivée des expulsés avec une réaction moqueuse sur les réseaux sociaux : « Oups… Trop tard », en réponse à l’ordonnance du juge. Son gouvernement a également diffusé des images des hommes incarcérés dans l’une des gigantesques prisons du pays.

Des organisations de défense des droits de l’homme dénoncent une instrumentalisation d’une loi vieille de 227 ans pour contourner les procédures légales habituelles. L’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a mis en doute la légitimité de l’application de cette loi, initialement prévue pour les conflits entre États, et non pour lutter contre des gangs.

« Un gang n’est pas une invasion », a rappelé Lee Gelernt, avocat de l’ACLU, soulignant que l’Alien Enemies Act n’avait été utilisée qu’une seule fois depuis sa création, lors de l’internement des civils américains d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Amnesty International USA a condamné ces expulsions, les qualifiant d’« exemple supplémentaire de ciblage raciste des Vénézuéliens par l’administration Trump, fondé sur des accusations généralisées d’appartenance à des gangs ». De son côté, le gouvernement vénézuélien a dénoncé une « criminalisation injuste de la migration vénézuélienne » par le président américain.

Une stratégie anti-immigration renforcée

Ces expulsions s’inscrivent dans la politique stricte de Donald Trump contre l’immigration clandestine, qui reste l’une de ses priorités depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Parallèlement, il a renforcé ses relations avec le Salvador, pays qui accueille désormais ces individus expulsés.

Les gangs visés par cette vague de déportations ont récemment été désignés comme des « organisations terroristes étrangères » par Trump, ce qui lui permet d’adopter des mesures plus sévères à leur encontre.

Cette affaire soulève ainsi des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs aux États-Unis et la capacité du gouvernement à contourner les décisions de justice sous prétexte de sécurité nationale.

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