Amilcar Cabral est devenu une figure emblématique des mouvements indépendantistes dans les anciennes colonies portugaises, marquant l’histoire avec son intelligence stratégique et son engagement politique. Mais comment cet homme, né en Guinée-Bissau, est-il parvenu à s’imposer comme une référence absolue dans la lutte anticoloniale ? À travers des témoignages de proches collaborateurs et une analyse approfondie, nous retraçons l’ascension de ce leader charismatique.
Sana Na N’Hada, cinéaste bissau-guinéen, fut envoyé par Cabral à Cuba pour étudier le cinéma dans le cadre de la révolution. Sana a été chargé de documenter la lutte pour l’indépendance, capturant sur pellicule les moments forts de la guérilla. Aujourd’hui, 50 ans après avoir retrouvé ses archives filmiques, il s’apprête à finaliser un documentaire historique sur la guérilla qui fut cruciale dans la libération de la Guinée-Bissau.
Pour comprendre l’importance de Cabral dans ce contexte, il est essentiel d’évoquer son discours à la Conférence tricontinentale à La Havane en 1966. Ce moment décisif, observé de près par Gérard Chaliand, géostratège et seul Français présent dans le maquis de la guérilla, symbolise l’appui international que la lutte anticoloniale a réussi à obtenir. Le discours de Cabral, empreint de dignité et de lucidité, a conquis Fidel Castro, qui apporta un soutien militaire et logistique à la cause.
L’engagement de Cabral allait bien au-delà du simple combat armé. Il était convaincu que la libération ne pouvait être complète sans éduquer et former les populations, hommes comme femmes, à devenir les leaders de demain. Ainsi, il envoya de nombreux jeunes cadres en URSS et à Cuba, où ils reçurent une éducation politique et technique. Sana Na N’Hada en fait partie, formé à l’Institut cubain des arts et de l’industrie cinématographique (ICAIC). Dès son retour, il se mit à filmer la guerre et les zones libérées par la guérilla, créant des archives précieuses pour l’histoire de la Guinée-Bissau.
Aujourd’hui, alors que la Guinée-Bissau célèbre le centenaire d’Amilcar Cabral, le travail de Sana Na N’Hada revêt une importance particulière. Son documentaire, à partir de ses archives redécouvertes, s’apprête à offrir une nouvelle perspective sur cette période cruciale de l’histoire africaine. Le cinéaste, témoin direct des événements, se bat pour accomplir son ultime mission : raconter cette lutte pour la liberté avec l’authenticité et la passion qui l’ont toujours animé.
Amilcar Cabral n’a malheureusement pas pu voir l’indépendance de son pays. Assassiné en janvier 1973, quelques mois avant la victoire, il reste néanmoins une figure de proue pour les mouvements de libération en Afrique, et son héritage continue d’inspirer les générations actuelles et futures.
Tous mes remerciements à Maria-Benedita Basto pour avoir facilité la réalisation de cette émission.
Media Public Info