L’or brille plus que jamais en Côte d’Ivoire. Alors que le pays connaît une augmentation fulgurante de sa production aurifère, les retombées économiques et sociales suscitent des interrogations. Qui bénéficie réellement de cette manne ?
Une industrie en pleine expansion
La Côte d’Ivoire est devenue un acteur majeur de l’or en Afrique de l’Ouest, avec une production annuelle déclarée dépassant les 55 tonnes métriques en 2024, une multiplication par quatre en dix ans. Ce dynamisme est soutenu par un gouvernement qui multiplie les projets pour attirer les investissements. En témoignent les 15 mines industrielles en activité et les 174 permis d’exploration délivrés en 2023.
Le secteur génère déjà plus de 525 millions d’euros de recettes fiscales annuelles, et les perspectives pour 2025 sont encore plus ambitieuses. Les géants de l’industrie, comme Endeavour Mining, consolident leur présence, avec une production attendue de 14 tonnes par an sur leurs deux sites majeurs.
Le coût environnemental et social
Malgré son potentiel économique, le boom aurifère n’est pas exempt de controverses. L’incident survenu en juin 2024 à la mine d’Ity, où une fuite de cyanure a contaminé l’environnement, a mis en lumière les risques liés à l’exploitation minière. Les conséquences sur la santé des populations locales restent floues, et le manque de transparence des analyses environnementales alimente une méfiance croissante.
L’orpaillage clandestin, quant à lui, continue de prospérer. Ce secteur informel attire des milliers de personnes, souvent au péril de leur santé et dans des conditions précaires. Cette activité, difficile à contrôler, échappe largement aux taxes et réglementations, privant l’État de revenus supplémentaires.
Un équilibre économique fragile
Si l’exploitation industrielle garantit des recettes fiscales stables, elle pose des défis en matière de justice sociale. Les retombées économiques profitent-elles réellement à la population ? Les investissements étrangers, bien que nécessaires, renforcent la dépendance à des multinationales souvent accusées de rapatrier leurs bénéfices.
Par ailleurs, la gestion des ressources reste un sujet sensible. Malgré les engagements des autorités, les mécanismes de redistribution des richesses peinent à répondre aux attentes des communautés locales, souvent premières victimes des impacts environnementaux.
Vers une meilleure gouvernance ?
Face à ces défis, des initiatives voient le jour. Le gouvernement mise sur une digitalisation accrue des processus pour mieux contrôler les recettes et limiter la corruption. De leur côté, les acteurs industriels comme Endeavour Mining s’efforcent de renforcer leur responsabilité sociale en investissant dans des infrastructures locales, comme des points d’eau potable.
Cependant, la question de la durabilité et de l’équité reste ouverte. La Côte d’Ivoire peut-elle réellement s’inspirer du modèle norvégien, invité d’honneur du Salon international des ressources extractives et énergétiques (Sirexe) ? Ou risque-t-elle de tomber dans les travers d’une gestion mal maîtrisée des ressources naturelles ?
Un avenir incertain
Alors que l’or reste un moteur crucial pour l’économie ivoirienne, les équilibres entre exploitation industrielle, impacts sociaux, et protection de l’environnement doivent être mieux définis. Le boom aurifère est une opportunité, mais sans une gouvernance exemplaire, il pourrait aggraver les disparités sociales et environnementales déjà présentes.
Les espoirs, comme les craintes, restent suspendus à la gestion d’une richesse aussi précieuse que fragile.