Depuis plusieurs semaines, la flambée du prix de l’huile d’arachide crée un véritable malaise au sein de la population béninoise. D’un prix de 1100 FCFA, le litre est désormais vendu à 1600, voire 1700 FCFA, et le bidon de 25 litres atteint jusqu’à 40 000 FCFA en octobre, contre 21 000 FCFA à peine en août dernier. Dans un contexte déjà marqué par l’inflation des produits de première nécessité, cette hausse représente une charge insupportable pour de nombreux ménages.
Pour expliquer ce phénomène, Jean-Baptiste Noulèkoun, vice-président de la Fédération nationale des producteurs de palmiers à huile, met en lumière plusieurs facteurs décisifs. D’abord, il évoque l’insuffisance de la production nationale d’arachides pour couvrir les besoins locaux. « Il n’y a plus de stock de matière première. L’arachide produite sur le territoire national ne suffit plus à alimenter la demande locale », explique-t-il. Cette pénurie pousse les prix à la hausse et oblige les consommateurs à s’adapter, malgré eux, à cette réalité économique.
Un autre facteur contribuant à cette crise est l’exportation des stocks de production locale, notamment dans des régions comme le département des Collines. Ces exportations, bien que légales, privent le marché local d’une partie des ressources disponibles, accentuant ainsi la pression sur les prix. Par ailleurs, l’augmentation des prix des huiles importées – en provenance d’Indonésie, de Malaisie et d’autres pays asiatiques – ajoute une dimension internationale au problème, selon les explications de Jean-Baptiste Noulèkoun.
De fausses perceptions sur les huiles en vente
Les consommateurs béninois sont également confrontés à un manque de transparence concernant les produits qu’ils achètent. Jérémie Dédjan, du ministère de l’Agriculture, explique que l’huile vendue dans les célèbres bidons jaunes de 25 litres, perçue comme de l’huile d’arachide, est en réalité de l’huile de palme raffinée. La hausse du prix de cette huile de substitution aurait entraîné une cascade d’augmentations sur les autres types d’huiles disponibles, impactant ainsi l’ensemble du marché.
Une crise qui pourrait perdurer
La situation, loin de s’améliorer, pourrait s’aggraver. En effet, la baisse des récoltes de tournesol et de colza en Asie du Sud-Est, en Indonésie et en Malaisie, induit des spéculations sur les marchés internationaux et renforce la pression sur les prix. « Les populations devront retrousser leurs manches pendant plusieurs semaines encore car le prix de l’huile pourrait encore grimper en fonction de la densité de la demande », avertit Jean-Baptiste Noulèkoun. Les consommateurs, déjà à bout de souffle, devront s’adapter à des prix qui risquent de ne pas redescendre de sitôt.
Signé Média Public Info