Dans un contexte où la question de l’utilisation des données journalistiques par les intelligences artificielles est de plus en plus scrutée, le New York Times a pris une position ferme. Début octobre, le prestigieux journal a adressé une mise en demeure à la jeune entreprise Perplexity AI, exigeant qu’elle cesse immédiatement toute utilisation non autorisée de ses contenus sous peine de poursuites judiciaires.
Une utilisation controversée des publications du New York Times
D’après le New York Times, la start-up fondée par d’anciens employés de Meta et d’OpenAI exploite ses articles pour alimenter son modèle d’intelligence artificielle générative. Ce dernier, comme de nombreux autres modèles, se base sur d’immenses ensembles de données pour répondre aux requêtes des utilisateurs en générant des textes cohérents et pertinents. Toutefois, selon le Times, cette utilisation est faite sans aucune autorisation préalable.
Le groupe de presse américain avait déjà émis plusieurs avertissements à l’encontre de Perplexity AI. Cependant, le Times constate que malgré ses demandes répétées, les articles du journal continuent d’apparaître dans les résultats fournis par la start-up. Dans une lettre adressée à Perplexity AI, que l’AFP a pu consulter, le journal accuse fermement la société d’ »enrichir illégalement » ses services grâce au fruit du travail de ses journalistes, ce qui constitue, selon lui, une violation flagrante de ses droits de propriété intellectuelle.
Réponse de Perplexity AI : une interprétation différente de la loi
En réaction, Perplexity AI a réaffirmé sa position. L’entreprise, valorisée entre 2,5 et 3 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds, déclare respecter les cadres légaux en vigueur. Selon la start-up, elle se contente de proposer des références aux articles du New York Times et d’en citer des passages, en respectant les principes de citation et en mentionnant les sources.
Dans une déclaration à l’AFP, un représentant de Perplexity AI a souligné que « les faits ne peuvent être la propriété exclusive de qui que ce soit », défendant ainsi un usage qui serait, selon eux, tout à fait légitime au regard des lois américaines relatives aux droits d’auteur.
Un conflit qui fait écho à d’autres contentieux avec l’IA
Le New York Times semble toutefois peu convaincu par cette explication. En effet, cette mise en demeure s’inscrit dans une série d’actions juridiques menées par le journal contre les géants de la technologie. En décembre 2023, le journal avait déjà engagé des poursuites contre OpenAI et Microsoft pour des motifs similaires. Contrairement à d’autres groupes de médias qui ont choisi de s’allier aux grandes entreprises de l’IA générative, le Times a préféré emprunter une voie différente, se positionnant comme un défenseur inflexible de ses contenus.
Avec des investisseurs de poids tels que Nvidia et Jeff Bezos, Perplexity AI est désormais au cœur d’un débat crucial concernant l’équilibre entre innovation technologique et respect des droits de propriété intellectuelle.
Alors que l’ultimatum fixé par le New York Times approche – la start-up devant répondre avant le 30 octobre – ce bras de fer juridique pourrait bien devenir un exemple marquant des défis que pose l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle dans le monde de l’information.
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