Par Agossou S. B. Attinzovè
L’Israël, terre où est né le Christ, se protège aujourd’hui avec des armes. Ironiquement, les nations qui prônent la paix et la justice possèdent les plus grandes industries de fabrication d’armes au monde. L’ONU, les puissances mondiales, et d’autres institutions internationales qui se revendiquent les garantes de la paix, investissent massivement dans le commerce des armes. Cela démontre un paradoxe cruel : l’économie d’un pays est souvent dynamique lorsque les armes crépitent, lorsque les conflits s’éternisent et que l’instabilité se propage.
Pendant ce temps, l’Africain, seul peuple au monde, continue de s’accrocher à des écritures saintes comme la Bible ou le Saint Coran, espérant y trouver la paix promise par les prophètes. Mais la paix qu’on propose aux pauvres est-elle vraiment sincère ? C’est toujours les rassasiés qui appellent les affamés à la paix, les invitant à la patience, à l’endurance, et au sacrifice. Quelle paix offre-t-on à celui qui a le ventre vide, à celui qui subit quotidiennement l’injustice sociale et économique ?
Les statistiques au Bénin, comme dans beaucoup de pays africains, sont révélatrices de cette iniquité : 10 % des citoyens détiennent et se partagent la richesse de tout le pays. Un déséquilibre criant qui suscite de nombreuses questions. De quelle paix parle-t-on dans un pays où l’injustice règne en maître ? Où quelques-uns prospèrent et accumulent les richesses pendant que la majorité lutte pour sa survie ? Leurs ancêtres étaient riches, leurs arrière-grands-parents aussi, et ils perpétuent cette domination génération après génération, garantissant un avenir doré à leurs descendants.
Quels péchés les autres ont-ils donc commis pour rester condamnés à l’indigence ? Il est temps de revoir le concept même de paix. La paix ne se trouve pas seulement dans les textes religieux ni dans les discours des puissants. La paix véritable réside dans la justice sociale, dans le partage équitable des ressources, dans la possibilité pour chaque citoyen de réaliser ses aspirations. Donnez au peuple ce dont il a besoin pour vivre dignement, pour se nourrir, pour se soigner, pour éduquer ses enfants. C’est cela la vraie paix, celle qui garantit un avenir stable et serein à tous.
Face à cette réalité, que proposons-nous pour un pays comme Israël, souvent au centre des conflits du Moyen-Orient ? Une solution claire se dessine : un territoire pour deux États. Chaque peuple aurait ainsi son espace souverain, et tous deux s’engageraient à assurer la survie de l’autre. Ce n’est qu’en garantissant le respect mutuel et l’équité que la paix pourrait véritablement s’installer.
Pour l’Afrique, en revanche, la solution est plus complexe et commence par un changement de mentalité. L’homme africain doit faire une pause pour observer le monde qui l’entoure, comprendre comment il est perçu, et analyser son positionnement sur l’échiquier global. Trop longtemps, l’Afrique a été un terrain de convoitise, un continent pillé de ses ressources, ses richesses naturelles extraites et vendues ailleurs. Le monde extérieur voit en l’Afrique un éternel consommateur, un acteur passif qui subit les décisions prises ailleurs.
L’heure est venue pour le continent de réfléchir autrement, de forger une nouvelle identité basée sur la dignité et la force mentale. L’Afrique doit trouver le courage de s’affirmer, de repousser toute forme de domination extérieure, et de développer des stratégies pour se faire respecter. Cela implique de rompre avec l’image du consommateur éternel, de cesser de se laisser berner par le mirage des aides extérieures qui, souvent, dissimulent des intérêts cachés.
Le développement de l’Afrique passe par la création de richesses locales, par la valorisation de ses ressources humaines et matérielles, et par l’émergence d’un leadership responsable, déterminé à protéger les intérêts du peuple. À l’image du corbeau et du renard de la fable, l’Afrique doit apprendre à ne plus se laisser séduire par les flatteries. Le corbeau, qui tient un morceau de fromage, se laisse berner par les compliments du renard et perd sa proie. L’Afrique, dans ce contexte, doit éviter de se laisser séduire par les promesses de partenariats déséquilibrés ou par les programmes de coopération qui ne profitent qu’à ses interlocuteurs.
En définitive, la véritable paix ne se résume pas à l’absence de guerre, mais à la présence de la justice. Si l’Afrique aspire à cette paix durable, elle doit cesser d’être une victime, un simple terrain d’exploitation pour les autres. L’Afrique doit prendre son destin en main, se développer de manière autonome et faire en sorte que ses enfants ne soient plus de simples spectateurs de leur propre histoire. C’est une question de mentalité, de changement de paradigme, et de réaffirmation de la dignité africaine.
Agossou S. B. Attinzovè.