À l’occasion de la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante, célébrée le 24 janvier, le Bénin s’impose comme une destination phare pour les afro-descendants en quête de leurs racines. Ce phénomène, qui prend de l’ampleur, témoigne d’un besoin profond de réconciliation identitaire et culturelle. En facilitant la naturalisation des afro-descendants grâce à une loi novatrice, le pays pourrait devenir une porte d’entrée incontournable pour l’Afrique francophone.
Les milliers de visiteurs qui affluent chaque année à Ouidah, haut lieu de mémoire de l’esclavage, illustrent cette quête identitaire. Jean Zossoungbo, guide touristique local, évoque avec émotion la forte affluence observée lors des Vodun days, un événement international célébrant les traditions spirituelles et culturelles du Bénin. Pour beaucoup, ce voyage représente une reconnexion spirituelle et culturelle avec un passé douloureux.
Patrick Vendredy, un afro-descendant haïtien, se souvient de son arrivée au Bénin en 2005, à seulement 19 ans : « Dès que j’ai posé le pied sur le tarmac, j’ai ressenti une émotion indescriptible. C’était comme rentrer chez soi, après des siècles d’éloignement. » Cette expérience reflète le sentiment partagé par de nombreux afro-descendants qui redécouvrent le continent africain.
Pour d’autres, comme Mélina Seymour, écrivaine guadeloupéenne, ce retour aux sources est également un acte de transmission. Souhaitant léguer à ses enfants un héritage culturel fort, Mélina a entrepris un voyage initiatique au Bénin. De retour au Québec, elle a confirmé ses origines africaines grâce à un test ADN révélant une ascendance africaine à 92 %. Une découverte qui a ouvert la voie à sa naturalisation béninoise, rendue possible par une loi adoptée en 2024.
« Cette loi ne se limite pas à un cadre juridique », explique-t-elle. « Elle répare symboliquement des siècles de séparation et offre aux afro-descendants une occasion unique de se reconnecter avec précision à leurs racines. »
Au-delà de l’identité, le retour au Bénin revêt souvent une dimension spirituelle. Les Vodun days attirent chaque année des afro-descendants de diverses origines – Brésil, Haïti, Guadeloupe – venus découvrir et parfois s’initier aux pratiques spirituelles traditionnelles. Dieudonné Gnammakou, historien béninois, y voit un prolongement naturel des aspirations panafricanistes initiées par des figures comme Kwame Nkrumah : « Ces afro-descendants viennent pour comprendre leurs origines, mais aussi pour redonner du sens à une histoire marquée par la douleur et la résilience. »
Le Bénin, en valorisant ce dialogue entre afro-descendants et Africains du continent, se positionne comme un acteur clé dans la redéfinition des liens entre la diaspora et son héritage. Entre mémoire, spiritualité et identité, ce retour aux sources illustre un puissant besoin de réconciliation culturelle, porteur d’espoir pour des générations en quête d’unité.
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