Le maire de la commune de Grand-Popo, Jocelyn Ayicoué Ahyi, a récemment pris une décision controversée à la veille de la célébration de la fête identitaire de la Communauté Nationale du Peuple Guin du Bénin (CNPG-Bénin). Cette fête, reconnue par l’arrêté n°2024/N°021/MISP/DC/SGM/DAIC/SACC/SA du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, publié au Journal Officiel de juillet 2024, est un événement culturel de grande envergure qui rassemble la communauté Guin depuis plus de trois siècles.
Bien que le maire ait été officiellement invité à assister à la 361e édition de cette célébration appelée « Yêkê-Yêkê », en tant que premier citoyen de la commune, il a décliné l’invitation. La CNPG-Bénin, dont le siège se trouve au palais royal des Guins à Follycomè, Agoué, a été informée peu après que la manifestation serait interdite.
Cette interdiction s’est formalisée par l’arrêté n°94/011/C-GP/SP du 12 septembre 2024, dans lequel le maire demande au commissariat d’Agoué d’interdire la fête, invoquant des « risques potentiels de troubles à l’ordre public ». Selon Jocelyn Ayicoué Ahyi, en tant que garant de la paix dans la commune, il lui incombe de prendre des mesures pour préserver la sécurité. Cependant, cette explication semble peu convaincante, car les éditions précédentes de « Yêkê-Yêkê » se sont toujours déroulées sans incident notable.
Il est également étonnant de constater que d’autres fêtes identitaires similaires, telles que NONVITCHA ou WEMEXWE, qui sont également reconnues d’utilité publique, se déroulent sans restriction ni nécessité d’autorisation spéciale, en particulier lorsqu’elles se tiennent dans des lieux privés.
Ce qui ajoute encore à la confusion, c’est le fait que le maire lui-même avait participé, par le passé, à des rituels liés aux cérémonies de la CNPG-Bénin, et ce, aux côtés de sa cheffe d’arrondissement à Follycomè.
Cette interdiction soulève donc de nombreuses questions. Est-elle le résultat d’une simple précaution ou cache-t-elle des motivations politiques ou personnelles plus profondes ? D’autant que la fête « Yêkê-Yêkê » est un événement enraciné dans la tradition depuis plus de 360 ans. Le malentendu entre les autorités locales et les chefs traditionnels, apparu lors de la pandémie de Covid-19, semblait avoir été surmonté, et une collaboration harmonieuse semblait en voie de consolidation pour le développement d’Agoué.
La situation reste floue, mais l’impact de cette interdiction sur les relations entre les autorités politico-administratives et la communauté Guin pourrait s’avérer durable. Affaire à suivre avec attention.
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